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Picoti-Picokoa
6 octobre 2009

Un bébé très attendu....

D'ici la fin de semaine, notre maisonnée devrait comporter un membre de plus...

Un tout petit, encore au chaud dans mon ventre, qui n'a pas l'air décidé à pointer le bout de son nez, malgré ses frères qui lui chantent sur l'air des lampions "bé-bé sort du ventre, bé-bé sort du ventre..."

Savoir que d'ici quelques petits jours ils sera, de toutes façons, là, "par la porte ou par la fenêtre" comme dit son papa, c'est à la fois très fort, et complètement surréaliste.... Difficile d'accepter que pour des raisons de sécurité toutes relatives, et plus spécifiquement pour des raisons de confort et de praticité pour les médecins l'on décide que mon enfant doit sortir "maintenant". Difficile d'accepter qu'une naissance "normale" découlerait d'un coup de chance et de l'enchaînement d'évènements "optimaux"...

Autrefois l'on disait "césarienne un jour, césarienne toujours".

Ce n'est plus le cas aujourd'hui, comme me l'a prouvée la naissance de Deuz... Seulement celle de monsieur Troiz a mis un frein à cela, car de nombreuses équipes (la majorité en fait, soyons honnête ) en France sont encore réticentes aux tentatives d'AVA2C (Accouchement Vaginal Après 2 Césariennes).
La raison avancée ?? "Utérus cicatriciel = rupture utérine"
C'est un risque, soit. Mais l'importance de celui-ci ???
Certaines études concluent que l'on réalise 100 césariennes pour sauver 1 utérus....Les 99 autres ne seraient pas nécessaires... Mais une voie basse sur un utérus cicatriciel, nécessite d'être très suivie, accompagnée... Les gynécos en Centre Hospitalier ont rarement cette possibilité... pas assez nombreux, pas assez de budget...
Alors on césarise.

Pour beaucoup, la césarienne, "ce n'est rien". Pour d'autres c'est même "mieux pour le bébé" (archifaux mais les idées préconçues ont la vie dure...).
Avez-vous remarqué ? Jamais on ne demande à une maman césarisée comment s'est passé son accouchement "puisque c'est une césa", et bien rares sont ceux qui ont conscience des conséquences physiques et morales que peut avoir cette césarienne.

Pour ma part je n'ai jamais nié le fait que les deux césariennes, de Prems et Troiz, étaient parfaitement justifiées. Elles ont clairement sauvé mes enfants, et effectivement, au final, comme on l'entend souvent, "l'essentiel c'est que maman et bébé aillent bien".

Mais qui, à part le papa, (et encore...), QUI, s'est posé la question de la manière dont elles ont été vécues ??
Qui a eu conscience de l'impact d'un non-accouchement, de ce sentiment d'avoir été incapable de mettre au monde ses propres enfants...
Qui donc se rend compte de l'impact d'une séparation des deux premières heures dans la relation avec son fils aîné ? Entraperçu, il a ensuite disparu. Je l'ai retrouvé dans une boîte vitrée, plus tard...ç'aurait pu être n'importe quel bébé... Il m'a fallu deux longs jours pour réaliser que c'était bien le mien.
Deux jours aussi durant lesquels on vit l'humiliation de devoir sonner lorsque l'on souhaite prendre son enfant dans les bras, incapable physiquement de se tourner vers son berceau...

Une chance, les choses changent et pour Troiz j'ai vécu une arrivée plus sereine, je l'ai retrouvé plus vite, il a pu téter dans les deux heures et les suites immédiates étant moins douloureuses (et le lit électrique !!) j'ai pu m'en occuper plus vite...

Une autre chance, immense celle-là, celle de vivre un accouchement, un vrai, pour mon Deuz, dans une maternité si respectueuse...

Mais personne, médecin, femme ou bouquin, ne m'avait jamais "affranchie" sur les conséquences à long terme d'une ou plusieurs césariennes :
les douleurs neuropathiques, la perte de sensibilité "temporaire" (c'est c'là oui.... définitive plutôt, bien qu'atténuée !), les abdos qui ne répondent plus, innervation supprimée, "temporaire" aussi, soi-disant... et trois ans après, malgré le sport régulier, le ventre qui sort (pas grave, esthétique), la béance des grands droits, le dos qui trinque ("madame, il faut renforcer vos abdominaux" "c'est con docteur, je n'en ai plus...") j'en passe de plus intimes....

Je ne cherche pas à me plaindre, j'assume les naissances de mes enfants, j'assume cette grossesse de plus.
Mais par pitié, par pitié, que face à mon angoisse de la césa on ne me dise pas "c'est une formalité", "c'est vite passé", "qu'est-ce que deux heures dans une vie ?", ou encore "l'essentiel c'est que vous alliez bien tous les deux".
Et que jamais, non jamais on ne me dise que j'ai eu "de la chance d'avoir une césarienne"  (même si clairement j'ai eu de la chance qu'elle existe..). D'autres ont la chance tous les jours d'accoucher normalement...c'est une question de comparateur...

Cette semaine, je vais vivre une naissance, celle de mon quatrième enfant, je l'espère belle et respectueuse.
Cependant selon toute vraisemblance, je ne vais pas "accoucher" mais subir une intervention chirurgicale pour ce faire... et cette fois-ci, elle n'a pas d'indication médicale...
J'ose espérer de toutes mes forces que nos demandes concernant l'accueil de ce bébé seront respectées, même dans le cadre d'une intervention, mais je n'ai pas de certitude...

à suivre...

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Commentaires
C
Bébé est là? Bienvenue à lui!<br /> Et le com de Mammig veut-il dire qu'il est venu de façon naturelle?
M
bienvenue à ce bb qui a pointé son nez par la fenetre ;-)
&
Ouille c'est dur<br /> Je ne l'ai pas vécu comme ça, peut-être parce que je m'attendais au pire ?<br /> Pas séparée du bébé, pas de séquelles physiques, je l'oublie même parfois, ma cicatrice ne se voit quasi pas...j'ai réussi à prendre Nine à chaque fois sans appeler les infirmières mais il faut dire qu'elle dormait très souvent sur moi<br /> Je ne sais pas quoi te dire mais j'espère le meilleur pour vous<br /> Mais l'angoisse c'est sur je l'aurais de nouveau si on m'annonçait une nouvelle césarienne car ce n'est pas anodin alors qu'un accouchement ne me fait pas peur, juste la joie de la rencontre ?!
S
Oui, c'est dur. Ces protocoles, ces idées préconcues, ces phrases "banales" qui ont un tel impact ! <br /> <br /> Tu n'aurais pas regardé la TV ce matin par hazard ?
T
Plein de bisous et de pensées pour toi en cette semaine particulière.<br /> Gros bisous de toute la petite famille lyonnaise.<br /> A très (très) bientôt.
Picoti-Picokoa
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