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Picoti-Picokoa
8 juillet 2009

Jubilatoire !!

Une fois n'est pas coutume, je viens ici faire mon Mea Culpa...

Je suis actuellement plongée dans ceci :

Chagrin d'écoleJe l'ai eu entre les mains il y a deux ans, lors de sa sortie, et je ne me rappelle même plus si je l'avais ouvert...

"M'énerve Pennac à force, il en fait trop, son dernier n'était même pas drôle...." Et puis un brin de snobisme peut-être : "Puisque tout le monde le lit, moi pas, Na !" (qu'est-ce qu'on peut être bête parfois...)

Toujours est-il que la semaine dernière, au kiosque de ma gare SNCF, les mags de filles me paraissaient tous plus bêtes les uns que les autres, et les hebdos ne parlaient plus que de Michael... Je me suis tournée vers le rayon "poches", et pressée par le temps, ai attrappé deux bouquins : Milena Agus (il faudra que j'en parle aussi..) et Daniel Pennac ( "en poche, je ne risque pas grand chose" )

Bien que je n'aie pas encore terminé ce dernier (commencé hier soir finalement...), je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager mon jubilatoire plaisir de lecture !

Alors oui, il y a des défauts, des crtiques que je pourrais faire concernant l'écriture,l'aspect parfois un peu décousu, voire nombriliste.. Mais on y trouve d'abord et avant tout un enthousiasme et une passion pour l'enseignement qui sont, je le répète, jubilatoire... On se prend à rêver que tous les enseignants puisent être ainsi.

J'y ai retrouvé quelques uns de mes ancienes profs d'ailleurs...

Les passionnés, ceux qui transmettaient, ceux pour qui seule l'avancée de l'ensemble de leurs élèves comptait, et non la réussite de quelques uns. Ce prof de maths qui proposait des ateliers complémentaires sur le temps de midi, pour remonter ses notes, mieux comprendre, ou se confronter aux cracks. Cette prof de français qui nous a fait faire du théatre, du chant, travailler en petits groupes, "produire" un texte ou une scène pour nos camarades élèves. Notre chère vieille demoiselle Grulier, dont nous étions les derniers élèves, "accent aigu du côté de la rue ! Accent grave du côté du couloir...", elle dont la majorité des élèves ont pris latin l'année suivante, tellement son initiation nous avait passionnés... Ce prof de philo qui nous emmenait sur la piste de Socrate et des grands penseurs. Cet autre de français encore, emmenant les plus rétifs à travers "la peau de chagrin". Cette prof d'éco encore, dans toute la rigueur du cadre écrit qu'elle nous avait imposé, ce cadre qui, une fois intégré, nous a permis de nous éclater avec elle sur le fond, en oubliant la forme, devenue automatisme...

Et puis les autres... L'instit qui traçait des points sur le nez du cancre, un par faute dans la dictée ! La prof de français qui notait les dictées jusqu'à -40, et les larmes d'humiliation de ceux qu'elle rabaissait en public, le prof d'Allemand en fin de carrière qui ne nous a fait cours que deux fois en deux ans (mais dont on pouvait voir à cette occasion à quel point il devait pouvoir être passionnant, avant), le prof de maths écrasé par la vie, qui traversait nos cours, hébété nous avions pitié de lui... La jeune prof d'anglais débutante, en mal d'autorité et de tout le reste, que la meilleure classe du collège a poussée à la dépression en quelques mois...

La masse aussi des profs "normaux", ni mauvais ni transcendants....

Je retrouve chez Daniel Pennac tout cela, et bien plus encore.. J'y pêche quelques indices, quelques bêtises à éviter maintenant et plus tard avec mes enfants, les mots à ne pas dire, ne pas même les penser, l'importance des enseignants, mais aussi celle des parents...

Quand au ressenti du cancre, il sent vraiment le vécu ! Et seul celui qui n'a jamais connu l'échec ne s'y retrouvera pas...

Et puis un court chapitre se trouve traiter d'un film que j'ai vu hier soir !!

Grâce à un patient, j'ai en effet enfin pu visionner "l'esquive", ce film dans lequel les jeux de l'amour et du hasard se trouvent aussi bien dans la pièce préparée par ces ados de banlieue avec leur professeure de français, que dans leur quotidien autour...

L'EsquiveUn film qui m'a impressionné par sa justesse, parfois dérangeante d'ailleurs, notamment sur le plan linguistique. Trois niveaux de langage à l'ultra-minimum, entre celui du quartier, dans toute sa violence parfois (j'avoue que pas mal de termes m'ont carrément échappé), le langage courant "adulte", parlé en famille ou au collège, et le parlé fleuri de Marivaux. Ces "étages" linguistiques m'ont fascinée... La violence aussi, et surtout la banalité de celle-ci; ce qui nous semble, à nous, extérieurs, une aggression, est vécu comme normal par ces jeunes...
Mais on y trouve aussi beaucoup de tendresse aussi; pour ces jeunes, passionnés par leur théatre au point que leur livre ne les quitte plus, qu'ils répètent entre les cours, pour cette prof de français, parfois un peu dépassée, parfois à côté de la plaque, mais aussi tellement "dedans", tellement fière d'eux.. et pour toute la population de ces quartiers dits "difficiles", les cinq dernières minutes du film notamment concluent cette oeuvre de manière magnifique..

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Commentaires
S
Je le réserve !...Ta mémoire impressionnante est toujours en grande forme. Abonnée au "peut mieux faire" j'ai parait-il rétorqué un jour "c'est pas de ma faute mon frère il a tout pris". Lucide ?...J'ai donc hâte de lire ce Pennac dont j'avais entendu parler.
A
Beaucoup aimé aussi Chagrin d'école (tellement vrai)... c'est "battement d'ailes" de Milena Agus ?... je viens de le lire
&
Ca me donne envie tout ça...
S
C'est marrant, je suis en train de lire le même bouquin en ce moment, pas fait exprès. Décidement, on en fait des choses pareilles ces derniers temps... Biz.
G
Total d'accord ma Grande !<br /> J'ai moi aussi adoré ce bouquin et retrouvé certains souvenir, plus vrais que nature.<br /> Vivent les cancres qui se surpassent!<br /> <br /> Bisous<br /> paps
Picoti-Picokoa
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