Contours du jour qui vient

Présentation de l'éditeur Pays d'Afrique équatoriale, le Mboasu se relève péniblement d'une sanglante guerre civile. Dans les quartiers mal famés de Sombé, la capitale, quadrillés par des bandes de rebelles reconvertis en trafiquants, prévalent désormais le chacun pour soi et la superstition... C'est ainsi que Musango, à peine âgée de neuf ans, est rejetée et abandonnée par sa mère qui l'accuse de porter malheur. Seule, sans famille ni ressources, la petite fille est d'abord recueillie, puis vendue comme esclave. Malgré les épreuves et les périls, elle s'accroche pourtant, lucide et tenace, à un unique espoir : retrouver sa mère et solder le passé pour, enfin, songer à envisager l'avenir. Apre, violent, dur, choquant parfois, autant de termes pour décrire ce magnifique roman. Un Goncourt des lycéens parfaitement justifié de mon point de vue. L'écriture est magnifique et d'une grande poésie malgré la violence du propos. Diatribe contre la barbarie ordinaire, plongée au coeur d'un pays écartelé entre âge de pierre et modernité, avec toutes les étapes intermédiaires. On y trouve les pires dérives, parfois en pleine lumière, parfois en demi-teinte, mais aussi une douce magie omniprésente, et la simplicité d'une forme de pardon. J'ai trouvé que c'est un incroyable plaidoyer pour et contre l'Afrique "profonde" en même temps, et surtout une plongée dans un monde que moi, pauvre petite occidentale, je n'imaginais même pas ! Sectes, proxénétisme, esclavage moderne, lois tribales, sorcellerie, mais aussi magie des sens, magie blanche, sensualité, le livre foisonne et étourdit. On n'en sort pas indemne.